Les Gladiateurs

 

"Jugule !", "égorge-le !", "Stans missus !", "Qu'il s'en aille !" C'est en ces termes que la foule surexcitée des arènes décidait du sort des vaincus, d'un geste du pouce. Bien que sanglante, la réalité des jeux du cirque n'est pas aussi sauvage que l'a montrée le cinéma. La gladiature est un art de l'escrime très codifié, et les duels se font sous le contrôle d'un arbitre, souvent ancien gladiateur lui-même. Vainqueurs à de nombreuses reprises, ou ayant fait preuve d'une adresse et d'un courage remarquables, les meilleurs d'entre eux reçoivent honneurs, récompenses… et l'admiration sans borne des spectatrices. PAX AUGUSTA recréé aujourd'hui avec réalisme un spectacle de gladiateurs, tel qu'on pouvait en voir dans l'amphithéâtre, avec ses processions, son personnel des arènes, et ses terribles assauts.
LES ORIGINES
Dans la haute antiquité, les étrusque honoraient la mémoire des morts en égorgeant des prisonniers ou des esclaves. Ce n'est que peu à peu qu'ils préférèrent les opposer en un combat à mort. Le public se prit de passion pour ces combats, et bientôt d'autres populations italiques les importèrent chez eux. Les Romains adoptèrent tardivement ces rites funéraires, en 264 avt JC. D'abord privées, ces cérémonies devinrent publiques en 105 avt JC. Dès ce moment les magistrats rivalisèrent pour donner les jeux les plus magnifiques. Les occasions furent nombreuses et variées : dédicace d'un monument, anniversaire de l'empereur ou d'un riche éditeur, action de grâce en entrant ou en sortant de charge, avant ou après une expédition militaire, etc. Si l'organisateur des jeux dépensait de véritables fortunes, il avait en revanche beaucoup à y gagner. Amuser le public lui permettait en effet de gagner ses suffrages aux prochaines éléctions. Mais aux yeux des autorités romaines, la gladiature était plus qu'un simple amusement. Elles y voyaient une école de morale qui trempait le courage et développait le goût des exercices militaires.

L'ORGANISATION

Dans la deuxième moitié du 1er siècle ap JC, il fut interdit aux particuliers d'avoir des troupes privées dans Rome. Seul l'empereur pouvait en posséder. Partout ailleurs la chose était permise. Le magistrat en charge confiait au propriétaire d'une troupe de gladiateurs (familia gladiatoria) le soin d'organiser les jeux. Celui-ci était désigné sous le nom de "lanista", dérivé de "lanius" qui signifait "boucher". C'est dire le peu d'estime que les Romains accordaient à sa profession. L'organisation des combats fut réglée par toute une série de mesures, car ils représentaient une très lourde charge pour la cité et les magistrats. En effet, les jeux étaient offerts gratuitement au public, et on versait des fortunes pour acheter les vedettes de l'amphithéâtre. Marc Aurèle limita les exagérations : entre 1000 et 2000 sesterces pour un combattant ordinaire, entre 3000 et 15.000 sesterces pour un combattant d'élite.
À l'origine, un spectacle ne présentait guère plus de deux ou trois paires de combattants, mais très vite il prit des proprotions démesurées, limitées bien souvent par les seules ressources de l'organisateur. C'est pourquoi les plus spectaculaires furent assurément les jeux offerts par les empereurs. César fit combattre 700 fantassins, 300 cavaliers et 20 éléphants montés. Durant son règne, Auguste donna six munera, mettant en présence 10.000 hommes; et Trajan en 107 après JC présenta en un seul spectacle le même nombre de gladiateurs (les jeux, il est vrai, durèrent 123 jours.)
Par Francois Gilbert